Poubelle art
Après le pop art voici le Poubelle art ! Et comme par hasard ce sont 2 anciens photographes de Paris Match, Bruno Mouron et Pascal Rostain, qui s’y collent. Ils fouillent
Alignées sur fond noir, des dizaines de déchets non périssables (bouteilles, lettres, boîtes de conserves, brosses à dents ou flacons de lessives…) sont triés et classés par formes et par couleurs avant d’être photographiés comme une véritable pièce de musée. Le but est ensuite de les disposer de telle manière qu’ils révèlent l’intimité de la célébrité visée avec leurs habitudes et leurs travers. Ils écartent cependant tout objet médical ou sexuel (merde, on ne pourra pas savoir le volume de sperme de Brad Pitt laissé dans un préservatif, ni si Britney Spears mets des tampons ou des serviettes hygiéniques). Chaque tirage, daté, est sobrement intitulé du nom de
Madonna
Bruce Willis
Serge Gainsbourg a été le premier à tester cette idée quand il s’est fait volé sa poubelle en 1988. Les 2 apprentis éboueurs ont répété l'expérience, deux années durant, avec d'autres vedettes du show-biz et de la politique en France : Brigitte Bardot, Jean-Marie Le Pen, Jacques Dutronc, Bernard Tapie, Gérard Depardieu, Yannick Noah… Encouragés par l'ancien patron de Paris Match Daniel Filipacchi, les deux photographes partent ensuite pour Los Angeles et s'attaquent aux stars hollywoodiennes : Jack Nicholson, Marlon Brando, Madonna, Michael Jackson, John Travolta…. A la fin des années 1990, leur travail commence à intriguer. En juin 2004, un grand restaurant new-yorkais, décide même d'exposer 15 de leurs toiles et l'événement sera un succès. En occultant le côté voyeurisme, l’idée est marrante et curieuse. Les 2 photographes se sont inspirés du travail d’un professeur de sociologie, Loïc Malle, qui faisait collecter à ses élèves les contenus des poubelles pour étudier la société de consommation. En 1988, le sociologue avait écrit un article dans Le Monde et les 2 compères ont décidé de s’en inspirer et de concilier le concept avec leur métier. C’est en quelque sorte le mélange entre l’artistique et la sociologie. La science qui étudie la collecte des déchets s’intitule d’ailleurs Ce « courant artistique » fait penser au nouveau réalisme qui au début des années 60 fit de la société de consommation débutante la base de leur création. Agés de 25 à 35 ans, il y avait César qui compressait des carcasses de voitures, Christo empaquetait des bidons à essence, Spoerri emprisonnait des restes de repas, Arman accumulait des cadrans de montres et Hains et Villeglé détournaient des affiches lacérées.
Aujourd'hui l’exposition Trash (beau nom pour des détritus) présente une vingtaine de ces photos en grand format jusqu’au 3 juin 2007 à la Maison européenne de la photographie (MEP) à Paris.