Handicapophobie

Publié le par Chacha

    A l’heure où les médias parlent de la 10ème édition de la Se maine pour l’emploi des personnes handicapées (du 13 au 19 novembre 2006), qu’en est-il vraiment ?  

Et bien, on peut dire que les entreprises ont peur de recruter des handicapés. Une loi de 1987 rend obligatoire un taux de 6 % de travailleurs handicapés au sein de l'effectif des entreprises de plus de vingt personnes. Mais entre verser une contribution à l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) ou embaucher une personne handicapée, la moitié des entreprises préfèrent payer l’amende. En effet, seuls 45% des établissements soumis à l’obligation d’employer des personnes handicapées atteignent leur quota et 29% n’emploient aucun salarié handicapé. Pourtant le montant de l’amende est assez élevé. Par exemple, pour un effectif de 500 personnes à temps complet, l’entreprise devrait compter dans son effectif 30 unités (sachant qu’un salarié reconnu handicapé peut valoir plusieurs unités). Le coût par unité manquante est de 2732 euros. Si elle n’en emploie aucun, elle devra payer 81 960 euros (2732x30). 

 

La notion de handicap suscite encore un tas de préjugés. Les gens s’imaginent toujours les handicapés comme des personnes se déplacant en fauteuil roulant ou alors débiles mentales. Pourtant 90% des handicapés sont valides et la moitié ont des handicaps qui ne se voient pas. Un handicapé est par définition une personne atteinte d’une infirmité ou défavorisée de façon quelconque. En gros, un handicap, temporaire ou pas, est une gêne affectant plus ou moins la vie professionnelle et personnelle d’une personne. Cela peut aller de l’allergie au cancer, de l’épilepsie au mal de dos, de la paraplégie au diabète…

Pas étonnant qu’avec ces clichés, les entreprises ont des craintes vis-à-vis de l’embauche d’une personne handicapée. Pour eux handicap = contraintes lourdes et aménagement nouveaux car ils ne pourront pas s’adapter. C’était le premier problème toujours et encore redondant dans notre société : la peur de la différence. Il faut toujours être dans un moule sinon on est « anormal ». Pourtant inclure une personne handicapée dans une équipe amène les gens à relativiser leurs propres problèmes et engage une ouverture d’esprit.

La deuxième complication est qu’il y un manque de cadres handicapés. C’est ce que disent les employeurs pour se défendre. Cependant la demande de formation existe mai s la liste d’attente est très longue et les places manquent. La base du problème en France c’est l’accès à l’éducation pour les handicapés. En effet, le nombre de places dans les instituts spécialisés est très faible alors qu’il y a déjà un manque certain de structures accueillant et formant les personnes handicapées. Alors en attendant, on les parque comme de la vulgaire vermine dans des établissements quelconques et inadaptés. Certains arrivent à trouver des places dans des instituts hors de nos frontières ou sinon ils sont condamnés à attendre. Alors forcément, les personnes handicapées ne pourront pas se former et obtenir des diplômes si toutes les portes leurs sont fermées.  

 

Alors pour convaincre les employeurs d’embaucher des handicapés, on fait une petite se mai ne de sensibilisation par an et on leur promet une petite prime si ils embauchent un malheureux handicapé.  Ce n’est pas de la discrimination ça ? On est obligé de leur mettre du fric sous le nez, faire du chantage en quelque sorte pour que les entreprises emploient des personnes handicapées ? C’est bien triste d’en arriver là.

Il faut vraiment que les mentalités évoluent et que les entreprises donnent leur chance à ses gens qui partent déjà avec un handicap dans la vie, alors on ne va pas leur en ajouter d’autres avec le chômage et la discrimination. De toute façon quand on voit le manque d’aménagement pour les personnes en fauteuil roulant, les sales cons qui se garent sur des places handicapés, les refus des enfants atteints d’allergie alimentaire à la cantine…les regards ne sont pas près de changer. Les handicapés sont déjà mis en marge de la société par la société elle-même.

Publié dans sinequanon

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